L’AF3M poursuit son action en vue de dénoncer la situation de blocage concernant l’accès aux nouveaux médicaments. Dès à présent, les premiers rendez-vous tenus avec des députés nous ont permis de leur exposer la situation dramatique dans laquelle se trouvent des malades myélome en rechute.
Comme nous l’avons évoqué dans notre dernier bulletin, nous avons interpelé une quarantaine de députés en vue de les alerter sur la gravité de la position dans laquelle se trouvent les malades du myélome multiple en situation de rechute. En effet ces malades ne peuvent toujours pas accéder aux nouveaux traitements, qui ont fait pourtant l’objet depuis 2015 d’une Autorisation de Mise sur le Marché (AMM) délivrée par l’Agence Européenne de Santé. Nous avons donc demandé à ces élus d’être reçu afin de recueillir leur avis et évoquer avec eux les solutions qui pourraient être mises en œuvre au bénéfice des patients et de leurs familles.
Les premiers rendez-vous ont dès à présent eu lieu, nous n’avons pas manqué d’attirer l’attention des députés rencontrés sur le fait qu’en matière d’accès à l’innovation, nous ne pouvons que déplorer le fait que la France décroche au regard de ses voisins européens, les patients et notamment ceux qui sont confrontés à une rechute en étant les premières victimes. Pour preuve, l’accès au marché français est l’un des plus lents de l’Union européenne : 400 jours en moyenne entre l’Autorisation de mise sur le marché et la mise à disposition du médicament, au lieu des 180 jours requis par la réglementation européenne.
Nous les avons sensibilisés également sur la fait que le système français d’évaluation et de fixation du prix des médicaments nous semble aujourd’hui inadapté à un contexte de forte innovation et sujet à des incohérences systématiques, qu’en particulier.
- La méthode comparative en vigueur par la HAS pour évaluer les nouveaux médicaments ne peut valoir pour les nouvelles classes de médicaments, dont certains sont issus de la biotechnologie, pour lesquels il n’existe pas de comparateurs reconnus.
- Les experts et acteurs du système de soins, notamment le LEEM (Les Entreprises du Médicament) ont rendu publique des propositions avec l’ambition de défendre le rôle de pionnier de la France dans la recherche, l’accès et la diffusion aux nouveaux médicaments, en associant dans une démarche partenariale les acteurs impliqués en cancérologie, une position que l’AF3M a toujours défendu
- Qu’enfin, Il nous semble que l’intérêt économique prime désormais sur l’intérêt médical en France. Ainsi, selon le dernier rapport de la Cour des comptes sur l’application des lois de financement de la sécurité sociale (septembre 2017), le montant des objectifs d’économies demandés au Comité économique des produits de santé (CEPS) a doublé depuis 2012. Cela induit des arbitrages et une complexification de la prise de décision, qui sont défavorables aux patients, tout en entraînant un ralentissement de la procédure.
Bernard DELCOUR