Bernard Delcour, accompagné de Luce La Gravière, Danièle Nabias et José Coll, a remis le 9 mars 2016 au Dr Alexis Talbot dans les locaux du laboratoire INSERM de l’Hôpital Saint Louis de Paris, un chèque de 15 000 € au titre de l’appel à projets 2015 de l’AF3M.
Vous trouverez, ci-après, l'intervention de Bernard Delcour ainsi qu'une présentation de l’étude conduite par le Dr Talbot sur les mécanismes génétiques impliqués dans l’hétérogénéité des myélomes multiples avec t(4;14) :
Cher Dr Talbot, je suis très heureux d'être parmi vous aujourd’hui pour vous remettre l’un des prix attribués par l'AF3M au titre de son appel à projets 2015.
Merci à vous, Professeurs Jean-Paul Fermand et Bertrand Arnuff, pour votre présence et pour avoir accepté que ce prix soit remis au nom de l’AF3M mais aussi de la Fondation Française pour la Recherche contre le Myélome et les Gammapathies monoclonales (FFMRG).
Merci à nos partenaires qui soutiennent financièrement cet appel à projets, en particulier au laboratoire AMGEN qui soutient cette initiative de l’AF3M depuis sa création en 2011.
Il me semble que trois points méritent d’être mis en exergue dans le dossier présenté par le Dr Talbot :
1. La qualité du dossier présenté et du résumé grand public proposé, que je vous invite à lire :
Le Myélome Multiple (MM) est une maladie maligne caractérisée par la prolifération de cellules appelées plasmocytes. Il s’agit d’un cancer hématologique fréquent. Le développement des traitements intensifs suivis de greffe de moelle et, plus récemment, la démonstration de l’activité de nouvelles classes d’agents thérapeutiques ont permis une nette amélioration de l’espérance de vie des malades.
Parallèlement, les années passées ont été marquées par des avancées notables dans la compréhension de la physiopathologie des MM, en particulier du fait de l’identification de marqueurs définissant différentes formes de la maladie. Ainsi, les MM avec excès du nombre des chromosomes sont réputés de relativement bon pronostic alors que ceux dans lesquels un échange entre chromosomes est intervenu (on parle alors de translocation), ont une évolution moins favorable. Parmi ces derniers, les MM avec un échange entre les chromosomes 4 et 14 (translocation t(4;14)) ont globalement un très mauvais pronostic du fait de rechutes fréquentes, rapides et résistantes aux chimiothérapies.
Cependant, ce sous-groupe est hétérogène, avec des formes très résistantes et d’autres plus paisibles. De plus, une forme initialement paisible peut secondairement évoluer vers une forme agressive.
Les mécanismes expliquant ces évolutions différentes sont actuellement très mal connus.
L’objectif du projet est de comparer les caractéristiques des formes de très mauvais et celles de meilleur pronostic des MM avec t(4 ;14). Pour cela, le laboratoire à l’origine de la recherche a accumulé, depuis plusieurs années, des « banques » de cellules, d’ADN et d’ARN de malades ayant un MM t (4 ;14) bien identifié sur le plan clinique.
En utilisant les techniques d’analyses génétiques les plus performantes actuellement le laboratoire a identifié des mutations associées au mauvais pronostic, en se concentrant sur un sous-groupe bien identifié de MM. Cette étude devrait permettre de mieux comprendre les raisons qui font qu’un MM est plus ou moins agressif ainsi que les mécanismes de résistance des cellules tumorales aux médicaments. Cela devrait aider à trouver de nouvelles voies de traitement touchant la cellule anormale au niveau de mécanismes essentiels pour sa survie. Cela devrait également permettre une meilleure prise en charge des MM, en introduisant la possibilité d’adapter les traitements à l’évolution prévisible de la maladie.
En améliorant nos connaissances des mécanismes à l’origine de l’agressivité des cellules des MM avec t(4;14), de la progression tumorale et de l’acquisition d’une résistance aux médicaments, le projet proposé aura des conséquences bénéfiques sur la prise en charge et le pronostic non seulement de ce sous-groupe mais de l’ensemble des MM. Il pourrait même permettre d'effectuer des avancées importantes applicables à d’autres types de cancer.
2. L’importance que revêt pour l’AF3M le fait que des travaux de recherche fondamentale soient engagés afin de mieux comprendre les mécanismes qui sont en jeu chez les malades du myélome avec un pronostic qualifié de très mauvais. De faire en sorte de mieux comprendre pourquoi chez ces malades, il est observé des myélomes très agressifs et pour d’autres des myélomes que l’on peut qualifier de plus « paisibles ».
3. Enfin, eu égard aux nouveaux médicaments qui viennent d’obtenir une Autorisation de Mise sur le Marché (AMM) et qui seront disponibles prochainement l’AF3M a tenu à émettre le souhait que des essais cliniques dits « adaptatifs » puissent être rapidement engagés afin que ces nouveaux médicaments puissent être évalués et comparés en termes d’efficacité.