À l’invitation de Claire MATHIOT et du Pr. Jean-Paul FERMAND, Ethel POISSON, Michel DABET, Bernadette FAVRE et Bernard DELCOUR ont participé à l’AG de l’Intergroupe Francophone du Myélome qui s’est tenue à Saint Malo les 25 et 26 juin 2015.
Deux journées de travail intense où les médecins et les attachés de recherche clinique présents ont fait le point sur les essais cliniques en cours ou à venir, et ont débattu des stratégies thérapeutiques, notamment comment conduire un traitement en tenant compte de la situation particulière de chaque malade.
De ces deux jours, il en ressort que contrairement à d'autres disciplines, telles notamment les mathématiques, la médecine n'est évidemment pas une science exacte. Cependant les présentations par les médecins référents des différents essais cliniques en cours, ont montré que les études et essais menés par l'IFM sont, d'une part, réalisés avec une grande rigueur scientifique, s'appuient d'autre part sur des compétences pluridisciplinaires très pointues, et enfin sont menés en développant de nombreuses collaborations, en s'appuyant sur un travail en réseau.
Globalement, les débats de ces deux jours ont montré que l'arsenal thérapeutique disponible pour le traitement du myélome multiple est en train de considérablement s'élargir, avec le développement de nouveaux médicaments, notamment les anticorps monoclonaux. Au vu des résultats, certes partiels, des essais en cours, mais souvent très prometteurs, il se confirme que l'on se dirige vers des thérapies dites “ciblées” (par opposition aux chimiothérapies classiques).
Sur le rôle des anticorps monoclonaux ainsi que sur ce que l'on appelle « thérapie ciblée » ou « médecine de précision » nous vous renvoyons aux articles des bulletins n° 19 et 22, dans lesquels ont été présentés ces nouveaux médicaments et ou il est décrit comment ces derniers vont permettre de cibler les antigènes de surface des cellules plasmocytes qui sont à l'origine du myélome.
En tant que malades atteints d'un myélome et donc par définition non experts sur les questions médicales, il n'est pas facile de vous restituer une vision détaillée de ces travaux. Aussi nous nous contenterons d'évoquer les aspects « plus globaux » qui ont retenu notre attention et qui nous montrent que les travaux menés tant en recherche fondamentale qu'en recherche clinique par les médecins de l'IFM, mais aussi dans les laboratoires de l'INSERM, sont porteurs d'espoir pour les malades du myélome que nous représentons.
Certaines présentations ont montré, par l'analyse des facteurs de survie, que les résultats d'un essai laissent apparaître au global un gain peu significatif, mais qu'il existe des différences significatives entre différents sous groupes de patients, d'où l'importance de poursuivre le suivi des malades participant aux essais et de collecter avec rigueur les observations cliniques et biologiques.
Les problèmes infectieux restent des complications courantes pour les malades du myélome. Sur cette thématique un essai va être engagé, avec comme objectif de préciser l'intérêt d'une couverture antibiotique permanente pour les sujets très âgés. De même des travaux sont en cours en vue d'établir des recommandations concernant le traitement des malades par immunoglobulines, l'objectif étant de mieux préciser les conditions dans lesquelles cette indication est fortement recommandée, ou au contraire sous quelles conditions elle devrait être réévaluée régulièrement.
Les résultats issus des examens d'imagerie (IRM et PETSCAN) permettent de mieux détecter des lésions osseuses de dimensions très réduites (inférieures au mm), et sont de plus en plus pris en compte tant au niveau du diagnostic que dans le suivi des malades. En outre les résultats du PETSCAN pourraient à l'avenir présenter un intérêt pour se prononcer sur le pronostic, sous réserve de développer une méthodologie d'interprétation standardisée.
La maladie résiduelle, c'est-à-dire la mesure du nombre de cellules malignes restant présentes dans la moelle après traitement, est prise en compte dans certains essais afin de mieux qualifier le niveau de rémission du malade. On évoque aujourd'hui la notion de rémission complète « stringente » si le patient a entre autres un niveau de maladie résiduelle qualifié de MRD-. L'intérêt d'un traitement de maintenance a été évoqué en cas de MRD+ pour prévenir la rechute.
Le traitement des malades en rechute est aussi une question qui a été largement débattue. Autant les traitements de référence en première ligne pour tout nouveau malade sont bien standardisés, autant les protocoles de traitement de rechute sont variés. Des essais sont en cours en vue de définir des stratégies de traitement les plus adaptées pour des malades en situation de rechute qualifiée de sévère, après plusieurs lignes de traitement.
La situation des malades à haut risque, atteints de certaines altérations génétiques a été évoquée à plusieurs reprises. Bien que le comportement des sous groupes de malades concernés soit hétérogène, il en est ressorti que pour ces malades plusieurs approches sont possibles : la mise en place d'un traitement de maintenance, la réalisation d'une double autogreffe pour les patients jeunes, et aussi l'utilisation des nouveaux médicaments.
La qualité de vie du malade est une donnée qui est également de plus en plus prise en compte dans les essais. Sur ce point nous n'avons pas manqué de noter que dans l'essai FIRST (administration du REVLIMID en première ligne pour les patients âgés) il a été montré que les résultats étaient moins bons chez les patients qualifiés de fragiles, eu égard à leur niveau de qualité de vie.
Enfin nous avons noté l'accord signé en 2014 par le laboratoire CELGENE avec le Comité Économique des Produits de Santé (CEPS), organisme qui fixe les prix des médicaments. Cet accord inédit prévoit qu'en cas d'échec des traitements dits « de référence » du Pomalidomide (Imnovid), c'est-à-dire s'il est démontré qu'il n'est pas profitable au patient, le coût de celui-ci sera remboursé par CELGENE à l'Assurance Maladie. A cet effet une étude observationnelle va être engagée en vue de mieux évaluer l'efficacité de l'Imnovid lorsqu'il est administré en pratique courante : elle va ainsi permettre de compléter l'évaluation de l'efficacité réalisée à partir d'un registre de suivi sur lequel sont enregistrés les résultats du suivi des 1000 patients traités avec le Pomalidomide.
Bernard DELCOUR et Ethel POISSON